Numéro Sept mille trois cents quatre vingt dix
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Xeroderma Pigmentosum
Le Journal des
Frères Michon
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Hebdomadaire à parution
irrégulière fondé en 1846
Dans notre série
« Les matières fécales dans l’art moderne »
L’image de la semaine :
Auguste Rodin coulant un
bronze !
Photo : Félix Nanar
É minent
lectorat ! Vous n’êtes pas sans ignorer (pour employer une délicate formule de type journalistique) que
notre modeste publication se veut en premier lieu et devant l’éternel amie des
beaux-arts et de la culture. C’est la raison pour laquelle elle ne tend que
vers un seul et unique but : vous divertir en vous délectant des oeuvres
du monde entier, mission qui lui est à la fois chère et plaisante. Mais aujourd’hui,
plus qu’à la création elle-même, c’est au créateur que nous rendons hommages,
avec un cliqué inédit et sensationnel intitulé : « Monsieur Auguste
Rodin coulant un bronze » ; il s’agit là d’un document exclusif
Mesdames et Messieurs, vous avez bien entendu, vous avez lu, écarquillez les
oreilles, dilatez-vous les orbites car vous allez voir ce que vous avez vu
(belle tautologie s’il en est).
Tout à fait mesdames et messieurs : il s’agit là d’une
photographie de 1889 prise par Monsieur Félix Nanar, l’illustre photographe
des grands de ce monde.
Rappelons au passage
la citation de Monsieur Wolfgang Friedrich Hegel : « il n’est de grand homme pour son valet de chambre ». Aujourd’hui,
le Journal des Frères Michon vous permet à vous chers particuliers, délicieusement
vautrés dans votre fauteuil, de devenir pour quelques minutes le valet de
chambre d’Auguste Rodin, et de l’observer en pleine concentration
expérimentale. Admirez cette puissance du regard, cette posture fière et
décidée, cet enfoncement du béret sur le céphale.
Oui,
du haut de son
génie, il était un homme comme les autres, et il
jouissait des activités les
plus triviales pour mettre sur pied des conceptions nouvelles et
révolutionnaires ; nos analyses historiques sont
formelles : c’est
durant cette séance aux toilettes que Rodin eut
l’idée de réaliser son
chef-d’œuvre :
le Penseur.
Notre plus grande
admiration va donc à cet artiste de génie, qui a su conserver la fesse.
B. Létron,
de la rubrique « beaux-arts »,
Du journal des Frères Michon, Xeroderma
Pigmentosum.
La
semaine prochaine, toute la rédaction de notre journal sera ravie de vous
présenter une nouvelle image incroyable et mystérieuse !