Numéro Sept mille trois cents quatre vingt treize

 

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Xeroderma Pigmentosum

 

Journal satirique


Hebdomadaire à parution irrégulière ·●· Fondé par les frères Michon en 1846
 

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Nouvelle expresse par Edgar Hattéphèsses

 

 

 

   Edgar Hattéphèsses, né à San-Taurin en 1979, de père Bulgaro – provençal est, à 27 ans seulement, sans conteste, un des fleurons de la génération littéraire montante ; pour l’instant inconnu en France, Xeroderma Pigmentosum a choisi d’éditer un de ses textes dans sa rubrique littéraire.

A la fois un pied dans la tradition du nouveau roman et l’autre vers ses contemporains, M Hattéphèsses apparaît comme le plus fidèle des héritiers de Robbe-Grillet dans la nouvelle école romanesque ; il s’en démarque notamment par la place qu’il accorde au genre du récit poético – non narratif ; plongez à présent dans le charme évanescent de son écriture vaporeuse…

 

 

Vrai froid de décembre

 

 

« Mince ! »

 

«  Ça alors ! »  Ajoute t-il circonspect…

 

« …De plus en plus étonnant ! »

 

Lorsque Isidore Ernest Artignass se retourne, il a les deux pieds dans la neige…

 

« Ça risque de poser problème »… Il reprend son chemin, aclopin et clopant, boitillant, le gros orteil gelé dans sa chaussure gauche…

 

… Le blanc manteau n’en finit de finir, se perd au fond, tout au fond, jusqu’au bout de la chaussée…

 

« Sûr qu’y pèle ! Vrai froid de décembre !... » Maugrée t-il enfonçant son bonnet sur ses oreilles, ses paluches au fond des poches…

 

Comme pour parfaire son malheur, Isidore Ernest Artignass charge sur son dorémifasol un sousaphone dernier cri … Comme le dit la chanson, il voulait jouer de l’hélicon… 

 

« La gare… … Saint Lazare ! » Exclame, postillonne, marmonne Isidore Ernest Artignass circonspect, étonné, aclopin clopant, boitillant, maugréant, pliant sous le poids de l’hélicon flambant neuf dont il veux prendre leçons et pour cela il a rencar à la gare Saint Lazare où il doit retrouver la fanfare, la bonne batterie fanfare qui l’a accueilli bras ouverts en son sein chaleureux et maternel !

 

« Ah merde, c’en est une vacherie !... » Peste Isidore…

 

« C’est plus d’la neige c’est du swing goum !» Il piétine, nerveusement, spasmodiquement, ne décolle d’un pouce, manque d’emporter un passage du bitume gris…

 

Soudain, surgissant de la brume tel l’archange Gabriel, elle était là, depuis toujours, dissipant l’impressionniste brouillard givrant, imposante, éternelle, indiscutable, une évidence…

 

« La gare… … Saint Lazare ! » A la gare, devait trouver fanfare, bonne batterie fanfare l’avait accueilli bras ouverts en son sein chaleureux maternel !

 

… Les musiciens loin… La fanfare trop tard…

 

Isidore scrute un petit point à l’horizon, où il distingue encore malgré le mauvais temps… Un groupe de musiciens lui fait coucou du wagon lit numéro quarante trois « On t’enverras des cartes postales, cartes postales, cartes postales… »

 

« Ah  mince ! Merde, Ça alors ! C’en est une vacherie !... »

 

« …De plus en plus étonnant ! » répondit le chef de gare.

   
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