Numéro Sept mille trois cents quatre vingt cinq
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Xeroderma Pigmentosum
Le Journal des
Frères Michon
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Hebdomadaire à parution
irrégulière fondé en 1846
L’image de la semaine :
Henri de Toulouse-Lautrec dans son
bain !
Photo : Suzanne Valadon ?
Soucieuse dans des
dimensions qui frôlent la déraison de l’épanouissement intellectuel et culturel
de notre choyé lectorat, que nous savons être constitué pour sa majorité quasi
unanime d’âmes avides et d’esprits curieux, notre rédaction a eu cette semaine
l’initiative de publier un document qu’elle conservait avec soin dans ses
petits tiroirs secrets, et qu’elle destinait à un grand numéro. Et ce grand
numéro est arrivé, chers lectrices, chers lecteurs : en exclusivité, en
dépit de l’injure du temps, nous vous présentons cette photographie de M de
Toulouse-Lautrec dans son bain.
D’aucuns supposèrent que ces longues séances aqueuses lui étaient sinon
imposées du moins prescrites par la médecine, dont nous savons que sa fragile
santé le rendait grandement tributaire. Néanmoins, la présence du chapeau, à
son emplacement fonctionnel, semble remettre en cause pareille assertion, à
moins que le port du couvre-chef lui ait été indiqué comme une prévention
contre toutes sortes de rhumes de cerveau…
Ces conjectures
anciennes dont nous venons de vous rappeler les fondements se trouvent aujourd’hui
avoir plus d’un demi siècle, et sont considérées par voie de conséquence comme
en grande partie dépassées. Le renversement scientifico-historique
a en grande partie été suscitée par une interview accordée à notre journal par
Mme Joséphine Tripoux en 1992 ; cette dernière, petite-fille illégitime de
Madame Valadon, qui est l’auteur quasi certain de ce cliché, nous affirme que,
selon les témoignages de feu sa grand-mère, M de Toulouse-Lautrec ne se
trempait pas dans l’eau, ni dans le lait, mais bien dans le vin de Vouvray
pétillant ; ceci n’était pas un traitement médical, mais bien un trait de
sa fantaisie. Cette dernière nous ayant fait promettre la publication de ces
inédites informations pour le dixième anniversaire de sa disparition, nous nous
sommes conformés à cette volonté ; toujours est il qu’en dépit du temps,
la vérité des faits a une fois de plus – du fait de la modeste contribution de
notre non moins modeste journal à parution irrégulière – triomphé de tous les
obscurantismes.
Gustave de Monnerville, en direct
du Sénat,
Pour le journal des Frères Michon,
Xeroderma Pigmentosum.
La
semaine prochaine, toute la rédaction de notre journal sera ravie de vous présenter
une nouvelle image incroyable et mystérieuse !