Numéro Sept mille trois cent
quatre vingt deux
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Le Journal des Frères Michon
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Hebdomadaire à parution
irrégulière fondé en 1846
Notre joyeux journal a aujourd’hui
la joie immense et tonitruante de vous présenter en exclu une biographie tout à
fait inédite de ses antiques fondateurs, Théodulfe
& Adolphe Saint Honoré Michon, dont la trace se perd dans les brumes
incertaines et romantiques d’un dix-neuvième siècle pompeux exacerbé, quelque
chose dans le genre Gaspard William David Friedrich Turner, pour les armateurs
de teint pur…
Face à une demande grandissante de
notre lectorat, notre journal, pour ne pas perdre la fesse, s’est enfin décidé
à envoyer un journaliste épique sur les traces historiques qui vont constituer
l’ensemble de notre biographie ; il nous fallait un lettré, docteur en
zoologie, gastronome à ses heures, œil de lynx infaillible, vous avez tous
reconnu l’oncle Roup, on l’applaudit bien fort !
Sur la route d’Angoulême à Aubusson, en ce matin du
14 juin 1846, deux jeunes inconnus bourrés de talent à ne plus savoir qu’en
faire, les idées longues comme leurs favoris, Théodulfe et Adolphe Saint Honoré
Michon, que le lien de la fraternité unissait comme deux sardines l’huile de
leur boîte métallique, eurent subito l’idée qui allait, en modifiant leur
existence, embellir celles de millions de lecteurs à travers le vaste
monde : ils se jurèrent de fonder, aussitôt que possible, un journal
amusant et instructif qui ne laissât pas indifférent, et qui soit à même de
distraire petits et grands.
Le journal des frères Michon était
né. Qui eut dit que dans l’esprit de ces êtres sur leur temps avancés, de ces
cerveaux hors normes avait germé une idée dont les fruits juteux et luxuriants
serait encore bien mûrs près d’un siècle et demi plus tard ? Ainsi, à
l’occasion du cent soixantième anniversaire de notre publication, nos honorés
confrères et moi-même ne pouvons manquer le plaisir de vous présenter, dans une
rétrospective internationale, les fondateurs de notre très modeste papier, qui,
à notre plus grand bonheur, ont su réjouir et réjouissent encore par notre très
distingué intermédiaire, un lectorat qui ne cesse de croître.
Le premier d’entre eux, Théodulfe Michon, si j’ose
dire le cerveau de l’affaire, naquit aux alentours de l’année 1815, alors que
l’Empereur tentait un dernier retour sur les planches et que la monarchie
revenait à grands pas de Bavière ; après des études menées avec Brio,
camarade fidèle qui comme tant d’autres présida aux destinées de notre journal,
au lycée de Brive la Gaillarde, il décida de se lancer dans les affaires ;
parti vainqueur pour la bonne cité de La Roche sur Yon,
il fit bientôt banqueroute après une fumeuse affaire de spatule à air comprimé
qui, dixit lui-même « nous emmènerait tous sur la lune et plus loin si ce
plus loin existe » revint ruiné et défait après quatre longues et
tumultueuses années passées comme premier homme de main dans un tripot –
lupanar. C’est alors qu’intervint dans son existence tourmentée, celui qui,
bien qu’oublié depuis belle lurette, demeurait son plus intime
intermédiaire : son propre frère, Adolphe Saint Honoré, qui allait devenir
le cofondateur du journal des frères Michon.
Théodulfe Michon, fondateur du
journal
Né en 1819, Adolphe Saint Honoré Michon, canonisé de
son vivant pour ses longs et boyaux services endurés au sein de l’Eglise, ce
qui, notons le au passage, est un fait tout à fait exceptionnel, ne tarda pas,
en effet, à devenir le cofondateur attitré de cette épique feuille de choux.
Congédié par son employeur parce qu’il lorgnait plus souvent qu’à son tour les
contours adipeux et rebondis de certaines fidèles par le judas du confess’,
Adolphe Saint Honoré, à qui les supérieurs indulgents avaient aménagés une
petite retraite anticipée dans la campagne brestoise, eut bientôt tout le temps
qu’il lui fallait et plus encore pour se consacrer pleinement à ses deux
intimes passions, les Dirty Comics et le Saint Honoré.
Son propre frère, Adolphe Saint
Honoré
Pétri de charité chrétienne il recueillit son aimé
frère en sa charmante propriété de Pinembois, dans la
pointe Finistère, où ce dernier, sous les bons hospices de monsieur Anselme de
Brio, très récemment anobli par Sa Majesté Royale, Louis XVIII, médecin attitré
de la famille Michon ; c’est ce dernier qui, ayant relevé chez Théodulfe
comme chez Adolphe Saint Honoré une tendance à la consommation disproportionnée
de tout ce qui, de près ou de loin, pouvait ressembler à des alcools et
spiritueux, leur prescrivit tous deux de longues et interminables promenades de
santé dans le centre de la France, plus précisément entre la Creuse et la
Charente en raison de la douceur et de la variété du relief. C’est ainsi
qu’indirectement, ce brave apothicaire et médecin de son état fut à l’origine
de cette publication dont nous constituons les héritiers fidèles, et de la vie
longue et prospère des deux frères qui, privés de cette salvatrice occupation,
n’auraient pas tardé de sombrer dans un comas des plus éthyliques.
Anselme de Brio, médecin attitré de
la famille Michon
En hommage au bon docteur qui les avait sauvés, les frères Michon offrirent gracieusement un encart à vie à « Somatose », un médicament de son invention (tuberculose, anémie, amaigrissement, débilité générale, inappétence, etc.). Poursuivant la tradition médicale de notre journal, passé avec les nouvelles technologies au format Internet, nous avons non seulement conservé le dit encart tout en haut de notre page d’accueil, mais aussi, choisi pour adresse de notre site, le nom d’une rare maladie génétique, le Xeroderma Pigmentosum qui a la particularité de développer sur la peau de ses malades, de grandes tâches rougeâtres, si ses derniers ont eu la malheureuse idée de s’exposer ne serait-ce qu’un instant aux rayons incandescents du soleil. Nous passons a l’occasion une petite annonce spécialement destinée à nos lecteurs atteints :
« Abonnez-vous, abonnez vos
amis ! ».
Oncle Roup,
En direct de Cognac G.